L’impression 3D alimentaire a-t-elle un avenir ?

Pendant 2 ans, j’ai fait partie des pionniers de l’impression 3D alimentaire en France, grâce à mon partenaire anglais ChocEdge. J’ai ainsi multiplié les interventions TV sur M6 et TF1.  A tel point que l’émission Top Chef 2015 m’a contacté pour organiser une épreuve 100% impression 3D dans le cadre de leur concours TV !

L’impression 3D est un vrai générateur d’émotion. Alors si en plus de l’effet « Waouh! » on arrive à créer un effet « Mmmh! » c’est le jackpot assuré.

Qui a besoin d’imprimer des aliments en 3D ?

En 2013, la NASA a été l’un des premiers à buzzer sur l’impression 3D alimentaire, avec la fabrication de pizzas. Le sujet peut sembler très avant-gardiste, mais dans les faits, cela n’a rien d’extravagant ; techniquement, il s’agit « simplement » d’une imprimante 3D FDM, basée sur le projet open-source RepRap. La bobine de plastique est remplacée par des cartouches d’aliments à l’état liquide. L’imprimante dépose des couches d’aliments les uns sur les autres, et les chauffe. C’est tout !

Les start-up Foodini et Gumlab n’innovent rien sur le plan technique : leurs appareils électro-ménagers déposent de la matière successivement pour concevoir des tartes ou des chewing-gums. Face à des technologies de fabrication digitale comme le frittage ou le modelage à jets multiples qui mêlent ingénierie, physique et chimie, l’impression 3D alimentaire fait pâle figure.
Techniquement archaïque, elle est néanmoins confrontée à 2 nouvelles problématiques :

  • le degré de cuisson des aliments, pour créer du goût
  • l’obtention d’un agrément sanitaire, pour rendre les impressions 3D consommables

L’impression 3D alimentaire au service de la communication ?

Parmi les marques qui ont initié des projets dédiés à l’impression 3D alimentaire, on peut lister la NASA, l’US Army, ou Nokia avec son fameux #Chokia. Le point commun entre ces 3 entités ? Elles n’ont rien à voir avec les métier de bouche. Pour cette raison, on peut en conclure que ces projets répondent simplement à des besoin de communication.

D’autres marques comme Nestlé ou Oréo ont aussi communiqué sur l’impression 3D alimentaire. Mais même s’il s’agit d’entreprises de l’agro-alimentaire, leurs projets sont restés au stade de la communication. A l’instar de Barilla qui lançait un concours fin 2014 pour inviter des designers à inventer de nouvelles formes de pâtes.

Et lorsque j’ai collaboré avec le Figaro et Canal+ pour leur concevoir des chocolats personnalisés pour leurs soirées événementielles, c’était encore de la comm’ !

Paresseux, s’abstenir !

Il y a quelques années, on nous promettait que la révolution dans les cuisines passerait par les machines à pain. Vous vous souvenez ? Ces machines encombrantes sont certes coûteuses, mais permettent une chose principale : fabriquer son propre pain, en maitrisant sa composition. Les uns trouveront cela génial, les autres seront freinés par le temps de fabrication : 4h pour fabriquer son propre pain ! Autant aller à la boulangerie du coin et faire vivre l’économie locale, non ?

L’impression 3D alimentaire, c’est finalement la même chose : on réinvente un processus de fabrication, avec la promesse que le consommateur va pouvoir personnaliser sa nutrition.  Mais au prix de combien d’efforts ?… Pour ma part, j’ai rarement imprimé du chocolat en moins de 2 heures avec la ChocCreator … quand elle fonctionnait ;-)

Chez Nespresso, on a tout compris : les machines sont des robots qui fabriquent du café en quelques secondes, grâce à des capsules colorées et esthétiques. En plus, grâce à George Clooney et Jean Dujardin, on oublie que le café en capsules est 10 fois plus cher que la café moulu…

Les promesses de l’impression 3D alimentaire

Les médias nous parlent régulièrement des avancées faites dans la médecine, avec de la viande conçue en laboratoire par exemple. On parle davantage d’impression 3D biologique que d’impression 3D alimentaire dans ce cas. Mais ces avancées technologiques posent véritablement la question sanitaire : est-ce dangereux de consommer un aliment conçu in-vitro ou imprimé en 3D ?
Il est malheureusement encore trop tôt pour y répondre.

Imprimer du sucre en 3D… et en couleurs !

Je l’admet : j’ai un faible pour la ChefJet de 3D Systems. Présentée au CES 2014 de Las Vegas, cet automate est capable d’imprimer du sucre en 3D, grâce à de fines gouttes d’eau légèrement alcoolisées qui augmentent la cristallisation (NDLR: iraniens s’abstenir ;-) Cette machine coûte un bras (env. 7000€) mais imprimer en 3D du sucre et en couleur éveille ma créativité pour fabriquer toutes sortes de choses :

  • des décorations de cocktail
  • des bonbons colorés pour les enfants
  • des décorations de gâteau de mariage… Ok, je suis démasqué : je me marie bientôt :-)

Le sucre est une matière alimentaire assez simple à travailler, à l’inverse du chocolat. D’où ma réflexion : la ChefJet sera fiable et rapide. Seul hic dans le cas de la ChefJet : il semblerait qu’on ne puisse pas utiliser n’importe quel sucre pour concevoir les objets. Rien ne garantit alors que le goût des impressions sera au rendez-vous !

J’ai lu récemment que la ville de Liège veut se positionner comme la 3d Food Valley. Mais selon moi, il est encore tôt pour imaginer être le pionnier d’un domaine pour lequel il n’y a pas encore de marché. Le marché de l’impression 3D alimentaire existera lorsqu’on aura réussi à accélérer le temps de fabrication, et sécuriser tous les aspects sanitaires.
Autrement dit, on a encore quelques années devant nous avant que Liège ne devienne le centre du monde !

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